La préservation alvéolaire est une technique de reconstruction osseuse permettant de maintenir un volume osseux suffisant en vue d’une implantation, ou d’une prothèse conventionnelle pour permettre de réaliser une prothèse pérenne et esthétique.
La perte de volume osseux à la suite d’une extraction concerne aussi bien l’épaisseur que la hauteur (1). Cette perte est influencée par la présence ou l’absence de table osseuse vestibulaire, l’épaisseur de la corticale vestibulaire résiduelle, mais aussi le biotype gingival et enfin le secteur concerné (zone esthétique ou zone postérieure). Il conviendra d’examiner tous ces facteurs lors de la sélection des cas, afin d’afin d’adapter la technique pour optimiser le résultat.
Dans notre pratique, cette technique est utilisée dans différents cas de figure :
La technique est adaptée à la situation clinique.
La préservation alvéolaire débute par une extraction atraumatique, afin de conserver une intégrité des parois osseuses. Si la table osseuse vestibulaire est intacte et que son épaisseur est supérieure ou égale à 2mm aucune préservation alvéolaire n’est théoriquement requise.
Il est possible de placer des éponges hémostatiques simplement pour stabiliser le caillot sanguin. Cela ne concerne qu’un pourcentage très limité de cas (6.5% des cas au maxillaire sur une étude prospective concernant 93 patients de Huynh-Ba G, Pjetursson BE en 2010) (3) (Fig.2)
Si la table osseuse vestibulaire est intacte et que son épaisseur est de 1mm (ce qui est le cas en zone antérieure dans 87% des cas en zone antérieure toujours dans cette même étude), on comblera l’alvéole avec protection d’une membrane résorbable et fermeture du site extractionnel par un greffe épithélio-conjonctive. La mise en place d’un matériau de comblement ne prévient pas à 100% le risque de résorption (4) c’est la raison pour laquelle on utilisera plutôt un matériau à résorption lente en zone antérieure de type xenogreffe (Cerabone®) ou une association xénogreffe-allogreffe (Cerabone® Straumann-Biobank®). Il faudra donc respecter une attente de 4 mois pour pouvoir réintervenir et implanter. En zone postérieure, l’exigence esthétique étant moins forte on pourra utiliser une allogreffe cortico-spongieuse (Biobank®). Il sera alors possible de réintervenir plus rapidement à 3 mois.
La membrane utilisée, doit être une membrane à dégradation lente (8 à 12 semaines) (Jason pericardium® Straumann).
Cette procédure s’applique également si une perte osseuse horizontale s’est déjà opérée et qu’on ne cherche pas à reconstruire le volume perdu : par exemple en zone postérieure lorsqu’une maladie parodontale a provoqué une perte horizontale. La dent doit être extraite et l’objectif est de maintenir le volume résiduel sans perte supplémentaire. (Fig.3)
Si la table vestibulaire est atteinte, en particulier en zone antérieure, il conviendra de reconstruire le volume osseux avant d’implanter. Le matériau utilisé est un matériau à résorption lente de type xénogreffe (Cerabone® Straumann), avec une membrane également à résorption lente (8 à 12 semaines) (Jason pericardium® Straumann). La reconstruction nécessite 6 à 9 mois avant réintervention. Cette technique peut également être utilisée en prothèse conventionnelle pour optimiser le profil gingival d’un élément intermédiaire de bridge. (Fig. 4)
Dans tous les cas il faut contrôler le biotype gingival et l’améliorer très fréquemment. Le comblement alvéolaire est certes une reconstruction des tissus durs mais il faut garder à l’esprit que le bon maintien de ces tissus dans le temps est assuré par un environnement gingival de bonne qualité (5) (6).
Le comblement alvéolaire est illustré ici sur un cas d’extraction implantation immédiate. En secteur esthétique l’extraction-implantation immédiate est possible si une stabilisation primaire de l’implant est possible, et si la table vestibulaire en zone cervicale est intègre et que son épaisseur est suffisante (1.5 mm). (Fig. 5).
Bibliographie
(1) Schropp L, Wenzel A, Kostopoulos L, Karring T. Bone healing and soft tissue contour changes following single-tooth extraction: a clinical and radiographic 12 month prospective study. Int J Periodontics Restorative Dent 2003; 23(4): 313-323.
(2) Elian N, Cho SC, Froum S, Smith RB, Tarnow DP.A simplified socket classification and repair technique. Pract Proced Aesthet Dent. 2007 Mar;19(2):99-104
(3) Huynh-Ba G, Pjetursson BE, Sanz M, Cecchinato D, Ferrus J, Lindhe J, Lang NP. : Analysis of the socket bone wall dimensions in the upper maxilla in relation to immediate implant placement. Clin Oral Implants Res 2010 : 21: 37–42.
(4) Ten HeggelerSlot,G. A. Van der Weijden : Effect of socket preservation therapies following tooth extraction in non-molar regions in humans : a systematic review. Clinical Oral implant review. Volume 22, Issue 8 Pages : 779-879 August 2011
(5) Pranskunas M. et al. Influence of peri-implant soft tissue condition and plaque accumulation on peri-implantitis: a systematic review. J. Oral Maxillofac. Res. 2016
(6) Roccuzzo et al. Keratinized mucosa around implants in partially edentulous posterior mandible: 10-year results of a prospective comparative study. Clin. Oral Impl. Res. 2016; 27: 491-9