Tout projet implantaire est établi afin de répondre à la fois à des impératifs chirurgicaux et prothétiques. Il est ainsi acquis aujourd’hui que la mise en place d’implants doit être guidée par la prothèse : ce concept thérapeutique vise à élaborer un projet prothétique qui guide le positionnement des implants1,2. Cependant, la situation clinique peut s’avérer défavorable au positionnement idéal des implants du fait de la résorption.
Grâce à l’évolution des technologies et aux techniques de CFAO3,4, les industriels mettent à la disposition des praticiens et des laboratoires plusieurs solutions visant à faciliter les réhabilitations. On pourra d’abord utiliser les outils de planification implantaire assistée par ordinateur qui permettent en amont d’optimiser la position des implants par rapport à la future prothèse, tout en respectant les impératifs anatomique et chirurgicaux. Dans un deuxième temps, lors de la phase prothétique, on peut avoir recours à des piliers angulés et des puits d’accès angulés qui permettent de rattraper l’axe implantaire et ainsi favoriser l’insertion de la prothèse.
Ces dernières solutions sont souvent, à tort, considérées comme des outils de rattrapage permettant de corriger une erreur d’axe ou des contraintes esthétiques. Or, il nous semble intéressant de combiner de manière systématique une position optimale des implants, un faible encombrement de la connexion et une angulation du puits de vis, afin de préserver au maximum le volume de la reconstruction prothétique afin d’en assurer la pérennité.
L’intégration de ces différentes possibilités à la réflexion menant à l’élaboration du projet thérapeutique permet sans aucun doute d’optimiser le traitement.
Afin d’illustrer notre propos, nous avons choisi de présenter deux situations cliniques : une réhabilitation mandibulaire complète transvissée sur six implants et une restauration d’un édentement terminal, transvissée sur quatre implants.
Dans les deux situations, un projet prothétique est réalisé puis validé en bouche. Un guide chirurgical, issu du projet, est utilisé pour la pose des implants (Axiom Régular, Anthogyr®).
Après ostéointégration et deuxième temps chirurgical, le praticien doit faire le choix des connexions. Bien que la position des implants ait été optimisée grâce à l’utilisation du guide chirurgical issu du projet prothétique, nous choisissons d’utiliser des connexions permettant d’utiliser un rattrapage d’axe sur mesure.
Ainsi, pour la réhabilitation complète, notre choix se porte sur l’utilisation d’une connexion inLink® à plat par verrou. Celle-ci a la particularité d’intégrer la vis dans son système de verrouillage, ce qui permet de réduire le volume du puits d’accès au seul passage d’un tournevis spécifique : il est alors possible d’obtenir un rattrapage d’axe sur mesure de 0° à 25°. (Fig. 1)
Concernant le bridge implantaire, nous utiliserons des piliers MUA associés à un puits d’accès angulé, dont le fût permet le passage d’une vis spécifique avec tête rotulienne (Vis M1.4 Angled Axis) elle-même vissée à l’aide d’un ancillaire spécifique rotulien. Cette option permet là aussi un rattrapage d’axe sur mesure de 0° à 25° (Fig. 2 et 3).
Après la mise en place de ces connexions, une empreinte est réalisée et un contrôle effectué à l’aide d’une clé de validation en plâtre.
La modélisation des infrastructures est ensuite réalisée par la technique du double scannage. Grâce au logiciel de CAO (Simeda®), on obtient une parfaite corrélation entre le projet thérapeutique et l’armature permettant ainsi d’assurer :
- le soutien de la partie cosmétique de manière homothétique5,
- une adaptation de la forme (en T ou L) de la barre au couloir prothétique6, au profil d’émergence des implants et aux tissus de soutien.
Le logiciel de CAO nous permet d’objectiver l’axe des implants et l’axe des connexions. On constate que si le choix s’était porté sur des piliers droits classiques, sans possibilité de rattrapage d’axe, les prothèses d’usage auraient largement pu être réalisées : on note cependant que les puits d’accès présentent un positionnement pouvant affaiblir les faces triturantes, le cosmétique ou encore se trouver en position peu favorable à la maintenance où au rendu esthétique.
L’utilisation des connexions choisies ici nous permet de positionner l’émergence des puits d’accès en fonction des considérations mécaniques, esthétiques et biologiques, mais surtout prothétique.
Légendes :
Fig. 1 : Illustration de la connexion à plat par verrou
Fig. 2 : Illustration en coupe de la connexion angulée sur pilier MUA
Fig. 3 : Vis M1.4 Angled Axis avec ancillaire rotulien
Fig. 4 A à D : Conception CAD des armatures Simeda®: les puits de vissage en jaune et les axes implantaires en bleu montrent l’angulation qui peut être obtenue. Les puits d’accès se trouvent positionnés de manière à préserver l’intégrité des faces occlusales et la résistance mécanique de la restauration.
Fig. 5 A et B : Après usinage on note le positionnement des puits d’accès hors des zones pouvant fragiliser les restaurations.
Fig. 6 A et B: Contrôle clinique par serrage opposé et contrôle radiologique
Fig. 7 A et B : Prothèse d’usage en place.
Bibliographie :
1. Lamy M. (2013) Planification du plan de traitement implantaire : le projet prothétique. Implant;19:35-43.
2. Belser U, Buser D, Higginbottom F. Consensus statements and recom- mended clinical procedures regarding esthetics in implant dentistry. Int J Oral Maxillofac Implants 2004;19(Suppl.):73–4.
3. Margossian P, Maille G, Koubi S, Loyer E, Sette A, Laborde G. (2014) Intérêt de la CFAO en implantologie orale. Information Dentaire, Info Dentaire, 96 (29), 365-373.
4. Maille G, Margossian P, Loyer E, Niboyet C. (2014) Apport de la CFAO en implantologie. Cahiers de Prothèses Hors Série « Nouveaux regards sur la CFAO ».
5. Bennasar B et al. La confection des armatures métalliques par CFAO en prothèse fixée. Strat Proth 2011;2(11):137-148
6. Assif D, Nissan J, Varsano I, Singer A. Accuracy of implant impression splinted techniques: effect of splinting material. Int J Oral Maxillofac Implants 1999 Nov-Dec;14(6);885-888.