Le laser est un terme générique. La technologie et la longueur d’onde sont déterminantes dans les indications : élimination du tartre, antibactérien, anti-inflammatoire… Les évolutions technologiques actuelles sont rapides et nous manquons d’études prouvant leur efficacité par rapport aux méthodes conventionnelles. Mais des progrès sont à attendre à court terme.
Je n'utilise pas le laser.
Je n’utilise pas du tout le laser dans mon exercice en l’absence de preuves suffisantes confirmant son intérêt.
NON. Les articles de consensus, y compris les plus récents n’ont jamais montré de supériorité du laser sur les traitements conventionnels.
J Periodontol. 2018 Jul ; 89 (7) :737-742. Mills MP, Rosen PS, Chambrone L and Coll. American Academy of Periodontology best evidence consensus statement on the efficacy of laser therapy used alone or as an adjunct to non-surgical and surgical treatment of periodontitis and peri-imlant diseases
Je n’utilise pas le laser dans le traitement des poches. Les conclusions du position Paper de l’AAP sont claires. Le laser ne donne pas de meilleur résultat que les techniques conventionnelles. Et de plus il y a peu de preuves. Enfin, concernant le laser, je ne citerai qu’une anecdote dont j’ai été la victime. Il y a quelques années, Michel Pompignoli m’a demandé d’écrire un billet sur le dernier Position Paper de l’AAP concernant le laser en Parodontie, ce que j’ai fait avec grand plaisir. Il a reçu un droit de réponse, dont il a édulcoré le contenu car il était très violent et injurieux envers moi. Pour donner du poids à ce droit de réponse, il était co-signé de presque 30 praticiens. Ce qui était caricatural, c’est que la plupart des articles cités dans ce droit de réponse était des études in vitro !!!
Je n’utilise pas le laser dans mon exercice quotidien en parodontologie. Il est clairement établi que le laser n’est pas supérieur à un traitement parodontal conventionnel. La vraie question est de savoir si l’association du laser à un traitement parodontal conventionnel a un effet bénéfique sur les résultats. Une revue systématique (analyse de la littérature entre 1987 et 2015) sur l’utilisation des lasers a été réalisée en 2017 par CM COBB dans Periodontology 2000 (Lasers and the treatment of periodontitis : the essence and the noise : Vol 75, 2017, 205-295).
La conclusion est la suivante : dans la revue de littérature de 118 études cliniques sur 25 ans, l’utilisation des lasers en tant que traitement principal ou en tant que traitement complémentaire à un traitement conventionnel, reste controversée avec un niveau de preuve insuffisant pour supporter l’idée que l’intégration des lasers dans le protocole de traitement puisse apporter des résultats antimicrobiens et de cicatrisation supérieurs à ceux obtenus avec un traitement parodontal conventionnel. En outre, le surcoût financier rend leur utilisation inutile tant que l’évidence scientifique qui accréditerait un emploi routinier, n’est pas apportée, quels que soient les lasers étudiés, dans le traitement des parodontites. Je tiens à rappeler que le Periodontology 2000 est la revue de référence en parodontologie, tant au niveau de son « impact factor » (articles les plus cités dans la littérature) que de son niveau scientifique (selon « Scimago Institution Ranking »). Cette revue se place, par ordre, devant le Journal of Clin. Perio, le Journal of Periodontology, le Journal of Periodontal Research, le Journal of Oral Pathology and Medicine et l’Int. J. of Periodontics and Restaurative Dentistry.
Je n’utilise pas le laser. Je ne pense pas qu’en l’état actuel des connaissances, son utilisation en parodontologie soit nécessaire.
J’utilise le laser en traitement d’appoint afin d’évacuer une bactériémie mais il n’y a pas d’influence sur l’anatomie des tissus parodontaux.
Nous nous sommes interrogés à un moment sur l’intérêt d’intégrer le laser dans notre cabinet, mais c’est vrai que le manque d’évidence scientifique ne nous a toujours pas encouragés à franchir ce pas. Selon le dernier consensus publié en 2018 par l’Académie Américaine de Parodontologie, l’association du laser au traitement parodontal non-chirurgical conventionnel des cas de parodontite modérée à sévère peut apporter une amélioration clinique en termes de réduction de la profondeur de poche et de gain d’attache. Néanmoins, cette amélioration reste très modeste (<1 mm) et l’effet bénéfique à long terme n’a pas encore été démontré.
Mills M. et al. American Academy of Periodontology best evidence consensus statement on the efficacy of laser therapy used alone or as anadjunct to non-surgical and surgical treatment of periodontitis and peri-implant diseases. J Periodontol.2018 ; 89 : 737-742
Nous n’utilisons pas le laser dans notre exercice quotidien en parodontie car le rapport bénéfice / coût nous semble très défavorable. Les bénéfices cliniques de l’utilisation du laser seul ou en adjonction à la thérapeutique non chirurgicale conventionnelle restent aujourd’hui faibles et controversés. En parodontie, la littérature distingue deux usages principaux du laser :
- utilisation du laser seul ou en adjonction aux techniques mécaniques lors de la thérapeutique non-chirurgicale de traitement
des parodontites ;
- dans le traitement des péri-implantites.
Le laser vs thérapeutiques conventionnelles dans le traitement de la parodontite
Le dernier consensus de l’American Academy of Periodontology ne montre pas de résultats supérieurs aux techniques traditionnelles de débridement mécanique lors de
la thérapeutique non-chirurgicale pour le traitement des parodontites modérées à sévères. Mills et al, American Academy of Periodontology best evidence consensus
statement on the efficacy of laser therapy used alone or as an adjunct to non-surgical and surgical treatment of periodontitis and peri-implant diseases, J
Periodontol. 2018 Jul ; 89 (7) : 737-742. Ce consensus s’appuie sur une étude de Chambrone et al 2018: Infrared lasers for the treatment of moderate
to severe periodontitis : An American Academy of Periodontology best evidence review, J Periodontol. 2018 Jul ; 89 (7) : 743-765. Sur 475 articles
choisis, l’étude inclut 28 essais cliniques randomisés qui comparent le débridement mécanique (+/-une thérapeutique chirurgicale) à l’utilisation du laser seul ou en adjonction à la thérapeutique
non chirurgicale.
De très modestes bénéfices cliniques (moins de 1 mm de gain d’attache clinique) sont mis en évidence lors de l’utilisation du laser par rapport aux approches conventionnelles de débridement
mécanique seul :
- dans le traitement de la parodontite chronique en une seule séance avec le laser à diode ;
- dans le traitement chirurgical de la parodontite chronique avec le Er-Yag laser seul.
Cependant, le niveau de preuve des différentes études reste faible à modéré. Les conclusions montrent que ce léger bénéfice peut être dû à la façon de réaliser la thérapeutique (instrumentation, nombre de séances) plus qu’à l’utilisation du laser en elle-même. Aucun bénéfice n’est rapporté dans l’utilisation du laser pour le suivi parodontal des patients lors de poches résiduelles de plus de 5 mm. De plus, le coût financier supplémentaire du traitement au laser n’est pas évoqué. Ces résultats sont confirmés par une revue systématique très récente qui ne parvient pas à prouver les bénéfices cliniques grâce à l’utilisation du laser par rapport aux thérapeutiques conventionnelles. Salvi et al, Adjunctive laser or antimicrobial photodynamic therapy to non-surgical mechanical instrumentation in patients with untreated periodontitis. A systematic review and meta-analysis, J Clin Periodontol. 2019 Dec 20.
Le laser vs thérapeutiques conventionnelles dans le traitement des mucosites /
péri-implantites
Aucun bénéfice clinique au long terme n’a pu être rapporté dans
l’utilisation du laser pour traiter les mucosites et les péri-implantites. Lin G-H, López del Amo FS, Wang
H-L. Laser therapy for treatment of peri-implant mucositis and peri implantitis : an American Academy of Periodontology best evidence review. J. Periodontol.
2018 ; 89 : 766 – 782.
Dans cette étude, 22 articles sur 237 ont été sélectionnés selon certains critères : essais cliniques humains de plus de 10 patients
présentant des maladies péri-implantaires, avec un suivi de plus de 6 mois. 13 articles comparent l’utilisation du laser en adjonction à une thérapeutique non-chirurgicale et 9 en adjonction à une thérapeutique chirurgicale. L’utilisation du laser seule n’a pu être évaluée en raison de l’absence de groupe contrôle. À court terme, de très faibles bénéfices cliniques ont été mis en évidence mais ces résultats ne permettent absolument pas de montrer des bénéfices cliniques au long terme. La maintenance et le suivi parodontal restent essentiels dans les résultats de traitement des péri-implantites au long terme.
En résumé : on voit que globalement les praticiens avec une orientation d’exercice parodontale n’utilisent pas le/les lasers dans la mesure où il/Is ne sont pas supérieurs aux traitements conventionnels. D’autres recherches complémentaires (sites test/sites témoins, contrôlées, randomisées et en double aveugle) seront intéressantes pour vérifier si le/les lasers (peut être avec une nouvelle génération de lasers) sont justifiés en complément des techniques conventionnels.