Lors du voyage de la Fondation Israël Archéologie, en novembre 2018, j’ai été particulièrement intéressée par les explications techniques relatant la découverte d’un bateau, datant de la période romaine (d’après la forme et le mode d’assemblage), échoué au fond du lac de Tibériade.
Cette trouvaille, datant de 1986, est tellement rare que de nombreuses techniques ont dû être inventées de toutes pièces pour le sortir de l’eau intacte, le restaurer et le conserver. Il est actuellement exposé au musée Yigal Allon où la lumière et les degrés d’hygrométrie sont surveillés en permanence. On ne sait pas combien de temps il pourra rester en exposition sans risque de dégradation.
Tout d’abord, une énorme digue fut construite pour empêcher les eaux du lac de recouvrir l’embarcation, des pompes refoulant les eaux profondes.
Des techniques de protection du bois humide ont été utilisées. Le bateau a été renforcé à la fibre de verre puis emballé dans de la mousse de polyuréthane (une sorte de mise en moufle, pour nos amis dentistes ou prothésistes) puis transporté à la plage où il a été placé dans une piscine spécialement construite à cet effet.
Des poissons du lac ont été introduits dans cette piscine pour lutter contre les vers et les bactéries susceptibles de se multiplier dans l’eau.
L’archéologue en charge du site avait rêvé qu’elle naviguait sur ce bateau… Une photo la montrant trônant sur la coque de mousse est exposée au musée. Grâce à son ingéniosité, son rêve est devenu réalité !
La conservation du bateau a duré 14 ans. 65 tonnes de produits chimiques ont été nécessaires pour empêcher la déformation et la désintégration des bois de la coque gonflés d'eau.
La fabrication de ce bateau se situe aux alentours de la période du second temple, à l’époque durant laquelle Jésus était en Galilée. La datation a été possible en conjuguant 4 types de données : les poteries et une lampe à huile trouvées à l’intérieur et autour du bateau, les clous utilisés, les techniques de construction de la coque et la datation au radiocarbone.
La visite de ce même musée aurait été bien fade sans les explications techniques…
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Lorsque David Ohnona, notre guide lors du voyage multi-religieux de la Fondation Israël Archéologie, nous a fait pénétrer dans la seule et unique salle de ce musée, j’ai été surprise du choix de cette lumière plutôt terne ! Ses explications détaillées et entrecoupées d’anecdotes m’ont permis de comprendre quels avaient été les enjeux d’invention technologiques et de temps qui avaient été nécessaires. En fait, la lumière du musée et l’hygrométrie sont surveillés pour permettre la conservation de cette fabuleuse découverte archéologique !
En 1986, deux frères, Moshe et Yuval Lufan, pêcheurs sur le lac de Tibériade et membre du kibboutz Guinossar, ont fait une découverte incroyable : un bateau de pêche contemporain de l'époque du Christ et daté entre 70 et 40 avant JC. Le bateau est apparu en raison d'une grande sécheresse au cours de laquelle les eaux du lac avaient baissé, révélant un trésor inattendu. La coque, remplie d'alluvions prise dans la boue du lac, était intacte, les autres parties du bateau exposées à l'air n'ont pas survécu. Le challenge archéologique et technologique était un véritable défi !
Protégées par la boue pendant 2000 ans, les structures en bois conservées se désintégraient à l'air libre. Une solution pour sortir le bateau sans l'abimer devait être trouvée mais il fallait le faire rapidement avant que les eaux ne le recouvrent à nouveau.
En 12 jours seulement, les équipes de volontaires du kibboutz et les archéologues de l’Autorité des Antiquités Israéliennes ont réussi à l'extraire suffisamment rapidement. Une solidarité exceptionnelle s’est immédiatement instaurée, certains bénévoles prêtant main forte, d’autres préparant des repas pour toute l’équipe.
L’étude de la coque a révélé qu’elle est composée de 12 essences de bois différentes, principalement du cèdre et du chêne libanais. Le bateau mesure 25,5 pieds (8,2 m) de long, 7,5 pieds (2,3 m) de large et 4,1 pieds (1,25 m) de haut. Il était probablement équipé d'une voile et de deux paires d'avirons. Pour manœuvrer, il fallait un équipage de cinq personnes : quatre rameurs et un timonier. Dix personnes supplémentaires pouvaient embarquer pour lever les filets. Les chercheurs ont relevé des preuves de réparations répétées indiquant que le bateau a été utilisé pendant plusieurs décennies, peut-être près d'un siècle. Le bateau de Galilée est apparemment le type de ceux utilisés à cette époque sur la mer de Galilée, à la fois pour la pêche et le transport sur le lac. Il est probable que ce type de bateau ait été utilisé par Jésus et ses disciples, dont beaucoup étaient des pêcheurs. Peut-être le Christ a-t-il navigué dessus… On peut également penser qu’il l'a sûrement vu.
Dans les évangiles les bateaux de pêche sur le lac de Galilée sont mentionnés plus de 50 fois. Le bateau de Ginossar appelé aussi bateau de Galilée a reçu aussi le nom de "bateau de Jésus" car il est un artefact fascinant qui donne vie à de nombreux récits évangéliques. La forme du bateau et le mode d’assemblage sont typiques de la période Romaine. Un bateau similaire est représenté sur une mosaïque du 1er siècle découverte à Migdal
Le bateau est exposé au musée Yigal Allon du kibboutz Ginosar.
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