Introduction
L’implantologie moderne ne cesse d’évoluer pour offrir aux patients des solutions toujours plus efficaces, rapides et biocompatibles. Parmi les avancées significatives, l’extraction-implantation immédiate s’impose comme une pratique de choix. Peut on aujourd’hui poser un implant avec très peu d’os natif autour de celui ci ? Quel biomatériau choisir pour avoir à 3 mois un implant ostéointégré ? Peut on aider le patient à cicatriser plus vite, plus efficacement ?
Depuis plus de 20 ans le PRF (Platelet-Rich Fibrin ou Fibrine Riche en Plaquettes) est largement utilisé en chirurgie et en implantologie dentaires pour ses propriétés biologiques. C’est un biomatériau autologue issu du sang du patient, riche en facteurs de croissance et en leucocytes. Utilisé pour stimuler la régénération tissulaire et osseuse, il favorise une cicatrisation optimale par ses effets anti-inflammatoires, angiogéniques, anti-microbiens, analgésiques et ostéogéniques. (1)
La combinaison d’une technique rapide, et d’un biomatériau le plus biocompatible possible s’inscrit dans une démarche visant à améliorer le confort du patient, tout en accélérant le processus de réhabilitation fonctionnelle et esthétique.
Présentation du cas
Une patiente de 35 ans est adressée par un confrère pour le remplacement des dents 15 et 16 et veut pouvoir terminer les soins en moins de 5 mois, date limite avant son départ à l’étranger. La patiente est fumeuse, sans maladie chronique associée. Nous réalisons un bilan sanguin qui montrera un déficit en vitamine D.
Nous décidons de partir sur un protocole d’extraction implantation immédiate du fait du délai imposé. Afin de réduire le stress oxydatif dû au tabac et à au déficit vitaminique nous partons sur un protocole d’Immune Force qui est une cure de 2 mois (vitamines, oligo éléments, melatonine…) afin de stimuler l’immunité pour améliorer la réponse du patient à la chirurgie, en somme accélérer la cicatrisation. La patiente commencera 10 jours avant l’intervention tout en diminuant le tabac au maximum. (2)
Le jour de la chirurgie
Nous réalisons au début de l’intervention le prélèvement sanguin pour afin de pouvoir obtenir les matrices de fibrine (A-PRF) et le Sticky Bone (S-PRF).
Nous réalisons par la suite une anesthésie classique puis il faut procéder aux avulsions.
(Fig. 1 et 2)
Ici la désinfection des alvéoles se fait d’abord par un curetage profond à la curette crantée, avant un rinçage abondant au sérum physiologique. (Fig 3)
La mise en place des implants est faite en utilisant une séquence de forage relativement classique, à modeler selon la trousse et l’implant que l’on choisit. Cela peut avoir un impact dans la stabilité primaire de l’implant, un surforage peut entrainer une stabilité primaire faible. Ici un implant Dentium ® a été sélectionné. Il reste primordial de poser l’implant en position prothétique idéal et non là où il peut s’accrocher le plus fortement. L’enjeu de stabilité primaire (Torque) si l’on ne veut pas mettre en charge l’implant, c’est à dire réaliser une prothèse immédiate, n’a pas ou peu d’impact.
On peut donc voir que l’implant en position 16 a environ un tiers de sa taille exposé sans os autour sur 360°.
(Fig. 4)
On comprend donc dans ce genre de cas l’importance d’avoir un biomatériau le plus biocompatible possible et d’avoir un implant avec un état de surface performant.
Nous réalisons donc la mise en place du sticky bone, à l’aide de PRF liquide (S-PRF) et d’une xénogreffe d’origine porcine ayant les caractéristiques intéressantes d’avoir une biocompatibilité très élevée et une résorption plus lente qu’une autogreffe ou qu’une allogreffe. L’effet collant de ce sticky bone permet une mise en place très rapide et une immobilité du biomatériau, primordial dans toute régénération osseuse. (Fig. 5)
Nous réalisons des mesures ISQ sur les deux implants (15 = 67 ; 16 = 62). (3)
Pour rappel, l’ISQ (Implant Stability Quotient) est une mesure quantitative de la stabilité d’un implant dentaire dans l’os. Elle est obtenue grâce à un appareil de résonance magnétique (le plus couramment le Penguin RFA ou Osstell). L’ISQ varie généralement de 1 à 100, et plus le chiffre est élevé, plus l’implant est stable. On considère qu’à partir de 70 la prothèse peut être réalisée.
Enfin nous pouvons mettre les piliers de cicatrisation avec le PRF en matrice (A-PRF). Des points de sutures sont réalisés en laissant le PRF exposé, sans chercher à rapprocher complètement les tissus mous mais juste afin de maintenir immobiles le site opératoire pour avoir une cicatrisation de seconde intention dite « open wound ». (4) (Fig. 6)
Le choix de la suture en Monofilament résorbable est aussi important afin de diminuer l’accumulation de plaque, facteur inflammatoire local. (5)
Les points ne seront pas déposés et la patiente sera revue à 3,5 mois. Les vis de cicatrisations sont retirées (Fig. 7) et une nouvelle mesure d’ISQ est réalisée ( 15 = 74 ; 16 = 72).
La réalisation des prothèses peut être faite par le confrère.
Conclusion
L’utilisation du PRF en implantologie offre des bénéfices majeurs, tant pour les cliniciens que pour les patients. Ses effets sur la stimulation de la régénération tissulaire et osseuse, grâce aux facteurs de croissance, jouent un rôle essentiel dans l’amélioration des résultats chirurgicaux. En favorisant une meilleure vascularisation et en accélérant la cicatrisation, le PRF optimise l’intégration des implants et contribue à une reconstruction plus rapide des tissus mous et durs autour de l’implant.
De plus, l’effet anti-inflammatoire du PRF aide à réduire les douleurs postopératoires et l’œdème, tout en minimisant le risque d’infection. Sa nature autologue, biocompatible et exempte de risques immunitaires en fait un matériau sûr et efficace pour les patients. Ces nombreux avantages en font un complément de choix pour les procédures d’extraction-implantation immédiate, assurant des résultats fiables, confortables et prévisibles.
Littérature :
(1) Moraschini, V., Mourão, C., & Shibli, J. (2023). Antimicrobial effect of PRF: A systematic review of in-vitro evidence-based studies. . https://doi.org/10.37766/inplasy2023.4.0016.
(2) Sepidarkish, M., Farsi, F., Akbari-Fakhrabadi, M., Namazi, N., Almasi-Hashiani, A., Hagiagha, A., & Heshmati, J. (2019). The effect of vitamin D supplementation on oxidative stress parameters: A systematic review and meta‐analysis of clinical trials. Pharmacological Research, 139, 141–152. https://doi.org/10.1016/j.phrs.2018.11.011.
(3) H, H., G, W., & E, H. (2020). The clinical significance of implant stability quotient (ISQ) measurements: A literature review.. Journal of oral biology and craniofacial research, 10 4, 629-638 . https://doi.org/10.1016/j.jobcr.2020.07.004.
(4) Miron, R., Fujioka-Kobayashi, M., Bishara, M., Zhang, Y., Hernandez, M., & Choukroun, J. (2016). Platelet-Rich Fibrin and Soft Tissue Wound Healing: A Systematic Review.. Tissue engineering. Part B, Reviews, 23 1, 83-99 . https://doi.org/10.1089/ten.TEB.2016.0233.
(5) Dragovic, M., Pejović, M., Stepić, J., Čolić, S., Dožić, B., Dragović, S., Lazarević, M., Nikolic, N., Milašin, J., & Miličić, B. (2019). Comparison of four different suture materials in respect to oral wound healing, microbial colonization, tissue reaction and clinical features—randomized clinical study. Clinical Oral Investigations, 24, 1527 - 1541. https://doi.org/10.1007/s00784-019-03034-4.