Introduction
Les techniques adhésives actuelles permettent une approche plus conservatrice dans les traitements restaurateurs et esthétiques ; elles nous ont conduits à un réel changement dans nos pratiques quotidiennes. Associé au gradient thérapeutique, le numérique en dentisterie et en esthétique est un facteur « nouveau » qui se développe de plus en plus, même si cette technologie a été inventée en 1973 par François Duret. De plus en plus de restaurations sont réalisées par empreinte optique actuellement. (Fig. 15 et 30)
La compréhension des mécanismes d’adhésion aux tissus dentaires (émail et surtout dentine), les études sur le comportement biomécanique des dents et le développement de biomatériaux composites et céramiques de plus en plus performants ont permis d’étendre les indications des restaurations partielles collées en proposant une alternative fiable (y compris dans les délabrements très volumineux avancés) aux solutions conventionnelles par couronnes beaucoup plus mutilantes (12). En effet, le recours à des techniques adhésives permet de s’affranchir des principes mécanistes imposés pour la réalisation d’éléments prothétiques traditionnels scellés pour lesquels la recherche d’un cerclage périphérique cervical (notion de « ferrule ») conduit à une mutilation tissulaire importante (coronaire et radiculaire) et une
agression parodontale, sans oublier la nécessité fréquente de réaliser des traitements endodontiques pré-prothétiques qui ne sont aucunement imposés par la situation biologique de la dent mais bien dans le seul but d’accroître la rétention coronaire en permettant la réalisation d’un ancrage radiculaire. On peut voir ici un des avantages majeurs de ces restaurations collées qui nous autorise à repousser les limites de la conservation de la vitalité pulpaire.
Cet article a pour but de montrer l’apport de l’empreinte optique réalisée avec la caméra Condorscan® dans la réalisation des restaurations partielles collées. A travers deux cas cliniques, nous développerons le step by step de la réalisation (préparation, empreinte optique et collage) d’un onlay céramique sur une dent vitale mais aussi sur une dent dépulpée en développant les points clés importants (1, 2, 6, 11). (Fig.1)
Description de la caméra Condor® (4, 7, 10)
La caméra condor se présente comme une petite caméra de la taille d’un contre angle avec deux caméras à son extrémité (Fig. 2). Elle nous fournit une image 3D renfermant les mesures des objets qu’elle observe et cela lui permet d’être un instrument de visualisation « diagnostic » grâce à la couleur et la qualité des images en plus d’être un scanner d’empreinte optique. (Fig. 3)
C’est un système totalement ouvert qui permet d’envoyer dans tout laboratoire équipé de CFAO un fichier que le prothésiste peut utiliser avec les appareils équipant son laboratoire mais aussi un fichier incorporable dans une chaine de télémédecine. La nouvelle caméra Condor® a une technologie différente avec deux caméras et c’est dans l’image elle-même que les informations nécessaires ont été trouvées. On mesure l’objet lui-même, tel qu’il est vu dans ses micros détails. Ce point est très important car la couleur permet de débusquer les détails nécessaires à sa reconnaissance. La méthode stéréoscopique embarquée et dynamique par balayage permet le relevé des côtes et l’épuration des informations mais aussi s’appuie sur des calculs et des filtres complexes que la société Aabam (F. Duret) a mis plus de 8 ans à développer. Il s’agit d’appliquer sous une forme dédiée et médicalisée les relevés topographiques tels qui sont mis en œuvre par les caméras embarquées dans les satellites, nouveauté et exclusivité dans le monde de la CFAO dentaire. La caméra Condor appuie aussi ses softwares, donc ses mesures, sur des techniques stéréoscopiques pures relevant ses informations dans le milieu buccal sans projection de lumière. Pour l’électronique et la miniaturisation de ses composants, c’est principalement celle accompagnant la téléphonie mobile, et cela a permis à la société Aabam de construire un scanner compact, précis et léger très pratique en clinique pour la prise d’empreintes optiques (7, 10). L’ordinateur proposé avec la caméra est un modèle disposant à la fois d’une vitesse et d’une capacité de stockage importantes.
Quelle que soit la caméra optique, il est très important d’avoir une importante phase d’apprentissage pour bien cibler les problèmes et surtout être en phase avec la technologie. Il faut connaître les limites des empreintes optiques (situations des limites et cas complexes)
Tous les praticiens utilisant une caméra sont unanimement d’accord sur l’importance de la préparation. Les limites doivent être visibles et supra-gingivales (faire une remontée de marge en fonction) : la caméra n'est pas un microscope et ne devinera pas des pseudo-limites et des préparations mal conçues. On ne mesure que la préparation elle-même, telle qu’elle est vue dans ses micros détails, pas plus !!
Pour réaliser l’empreinte optique avec la caméra Condor®, pour les cas cliniques présentés, nous commençons toujours par l’arcade supérieure où se situe la préparation de l’onlay. Un cordonnet de rétraction gingivale a été inséré pour avoir des limites bien définies et visibles, nécessaires à l’obtention d’une empreinte optique de qualité. Un balayage continu est fait de façon régulière et sans s’attarder sur les faces occlusales, vestibulaires et palatines. Il est préférable de le suivre sur l’écran de gauche. L’empreinte validée à l’écran, nous passons à l’arcade inférieure avec la même méthode. Enfin, une empreinte optique est prise en balayant les arcades en occlusion. Les dimensions de la caméra Condor® facilitent cette opération.
Remerciements à Michel Bastide, prothésiste (Laboratoire Le Lab, Castelnau le Lez)
Bibliographie :
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