Après avoir rappelé les fondamentaux de la théorie du stress de Selye, les auteurs proposent deux techniques :
- une méthode « généraliste » basée sur des informations et des conseils,
- une méthode « experte » inspirée de l’hypnose médicale, facile à appliquer en situation clinique. Le but physiologique est d’activer une aire corticale
susceptible de jouer un rôle thérapeutique dans les émotions : le cortex cingulaire, situé entre les deux hémisphères.
Les bases théoriques du stress
Hans Selye, neurophysiologiste bien connu, a proposé le terme de stress pour exprimer la notion d’une contrainte (signification du terme anglais « stress »). Notre
culture a involontairement vulgarisé ce mot qui se confond avec les conséquences du stress. Ainsi lorsqu’un patient présente des signes cliniques tels qu’une nervosité, une inquiétude et plus
encore des symptômes physiques tels des troubles douloureux, le praticien peut accueillir « les effets nerveux » de ce patient comme un stress. En réalité ces effets sont les conséquences d’une
contrainte qui agit sur l’homéostasie et les réactions de défense du sujet par l’intermédiaire des neurotransmetteurs. Par ailleurs, Selye a montré que les structures cérébrales (hypothalamus et
hypophyse), sont susceptibles d’engendrer des actions sur d’autres structures : thyroïde, surrénales….
Marc Gérald Choukroun, eu la chance en 1975, de visiter son laboratoire à Montréal, et Selye en personne, l’a accueilli. Il y avait une grande salle avec un mur de
20 mètres sur 5 mètres de hauteur. Celui-ci était tapissé de cages contenant des souris. Derrière ce mur de cages, couraient des câbles électriques qui aboutissaient à des ordinateurs…Les cages
étaient soumises en permanence à des stimuli occasionnant des variations dans les paramètres d’expérience. Les ordinateurs (à l’époque cela représentait une salle entière au-delà du mur),
calculaient sans cesse les statistiques à produire.
Selye a démontré le processus suivant : le stress est une contraire de différentes natures : soit physique (un choc électrique exercé sur les rats de laboratoire),
soit évènementiel (la présence d’un rat dominant ou un labyrinthe inaccessible à une souris affamée) … Ces situations excitent le système nerveux qui ensuite déclenche les productions des
neurotransmetteurs et finalement atteignent les organes cibles (appareil gastro-intestinal, peau, etc…) ou comportementaux (réactions de fuite, de prostration, etc…)
Saül Rosenczwzeig, psychologue, à sa suite, établit une théorie du stress pour en comprendre les causes et les effets. Il conclue de ses études que le stress peut
être interne ou externe, qu’il peut s’agir d’un agent externe ou d’une structure psychique défaillante, mais que dans tous les cas il s’agit d’une frustration. Une frustration externe pourrait
être la porte d’une cuisine fermée à clef chez une personne affamée. Une frustration interne pourrait être un complexe d’infériorité chez une personne qui passe une épreuve.
Il en déduit trois types de réaction :
- une réaction extrapunitive : le sujet reporte sa frustration sur un objet ou une personne.
- une réaction intrapunitive : le sujet reporte sa frustration sur une culpabilité ou une réaction corporelle.
- une réaction impunitive : le sujet dénie la frustration (« c’est pas grave »), mais dans un deuxième une réaction extra ou intrapunitive va prendre le
relais.
Pour Patrick Legeron, psychiatre, un état de stress se reconnaît par ses trois dimensions :
- des symptômes physiques : altération du sommeil, cauchemars, troubles digestifs et de l’appétit, palpitations, vertiges, crampes et douleurs musculaires, maux de
tête…
- des symptômes émotionnels et mentaux : agitation, irritation, colères, indécision, inquiétudes, angoisses, manque de joie…
- des symptômes comportementaux : désorganisation, difficulté d’entreprendre, difficulté dans les relations, agressivité ou
passivité, tendance à s’isoler, abus de café, de tabac, conduites addictives diverses…
Mise en application
Les études récentes ont clairement démontré le lien entre l’intensité et la durée du symptôme douloureux et des modifications physiologiques dues à l’état de
stress. La difficulté du traitement d’un TTM est liée directement à la détresse psychologique du patient. Le pronostic dépend en grande partie de la résolution de l’état de stress, lorsque celui
ci est présent.
Il est possible d’identifier ou de dépister un état du stress à partir de la forme douloureuse décrite par le patient. Ainsi, lorsqu’une douleur est liée à un état
de tension, elle apparaît principalement de façon « spontanée », le matin ou dans la journée. Elle n’est pas nécessairement liée à la fonction, c’est à dire aux mouvements de la mandibule mais
plus à l’état de tension de l’individu.
Etablir une bonne relation thérapeutique
L’entretien initial est déterminant dans la clarification du symptôme. Il permet au praticien d’établir un diagnostic mais surtout un pronostic sur la difficulté du
traitement en cas de stress avéré. Il permet au patient de prendre conscience du lien entre le symptôme et son état émotionnel.
Au début de la première consultation, il faut laisser le patient s’exprimer. Posez des questions ouvertes (par exemple : « que puis-je faire pour vous ? » Ou
reformulez les expressions du patient pour bien comprendre son message (par exemple : « si je comprends bien, vous avez mal l’après-midi seulement » ou encore « vous êtes donc bloqué depuis deux
mois ? »)
Le motif de consultation doit être bien enregistré. Si le patient se sent entendu, la base d’une relation de confiance établie, la collecte des données peut
commencer.
Employez une formule de type : « bien, maintenant nous allons voir précisément en quoi consiste votre problème, je vais vous poser quelques questions ».
Une technique « semi-directive »
La technique semi-directive consiste à laisser du temps au patient pour s’exprimer entre chaque question. Pratiquement ; pour que le patient puisse commenter,
employez des questions ouvertes simples, incitant à poursuivre (la plus simple étant : « ah oui ? » ou un hochement de tête). Pour reprendre et passer à la question suivante, recadrez en
reformulant « en reflet » c’est à dire en résumant ce qui vient d’être dit ; puis « bien reprenons » pour poursuivre le relevé des données.
Apres avoir enregistré les composantes du symptôme, (localisation et intensité), dans le cas ou la forme douloureuse est spontanée, les questions clés vont
progressivement de la santé générale à l’environnement du patient. (Voir la fiche clinique)
Les troubles du sommeil et les troubles digestifs sont les premiers indicateurs d’un état de stress.
- Avez-vous des problèmes de digestion ?
- Est ce que vous dormez bien ?
Puis si le patient a des problèmes de sommeil :
- Depuis combien de temps ?
- Avez-vous un souci en ce moment ?
Ces questions permettent d’identifier la relation entre le début du symptôme l’état de stress, aussi bien pour le praticien que pour le patient.
Le plus important est que le patient prenne conscience du lien entre sa douleur et son état de stress. Un dialogue peut être entrepris avec son
patient pour lui expliquer la relation entre son état de tension, la crispation de la mâchoire et la douleur consécutive.
Le praticien défini alors son rôle : protéger, rééduquer la fonction, voire réhabiliter l’occlusion si nécessaire après la résolution des symptômes par des moyens «
réversibles ».
Accompagner et soutenir
Si patient vous informe d’une difficulté sociale ou familiale en lien avec son état de tension, la première question à poser est : « est ce que vous faite quelque
chose pour cela ? ». Le praticien peut donner quelques informations utiles à son patient. La gestion du stress est un programme que le patient peut mettre en œuvre par lui même. Cela consiste
tout d’abord par une prise de conscience de son état, ce qui peut être effectué dès la première consultation comme indiquée précédemment.
Le praticien peut conseiller d’adopter des mesures « modératrices » de stress. Certains ouvrages peuvent vous aider.
Hygiène de vie
- Adopter une alimentation saine et équilibrée
- Contrôler les abus et les conduites addictives
- Eliminer les sucres.
- Remplacer les proportions alimentaires : farines, viandes / fruits légumes à 80% par farines, viandes/ fruits légumes 20%.
- Faire du sport ; au minimum de la marche à pied, une heure deux fois par semaine.
- Bien dormir : repérer l’heure du premier cycle en regardant sa montre durant quatre jours consécutifs : bâillement, clignement des yeux,
refroidissement, relâchement musculaire.
Relaxation ou méditation
- Apprendre une technique de relaxation, au minimum, commencer par de la « respiration contrôlée », réputée pour son action directe sur le mécanisme
physiologique du stress.
- Sites internet à consulter : la cohérence cardiaque pour comprendre, https://www.coherenceinfo.com/
- Télécharger une application pour apprendre à respirer http://www.thermes-allevard.com/61-respirelax.html
Bibliothérapie
Les ouvrages destinés au grand public, apportent une meilleure compréhension et des solutions pratiques. Nous en avons sélectionné quelques uns pour
leurs bonnes références. (Voir en annexe ci-dessous)
Les études cliniques ont démontré l’efficacité de ces techniques sur la gestion du stress et des troubles anxieux.
Consulter un psychothérapeute comportementaliste
Enfin, en cas de stress important ou prolongé, le recours à un psychothérapeute peut être bénéfique pour aider à trouver une solution adaptée
Toutefois ce conseil ne peut se prodiguer seulement si le patient le demande. On peut alors l’adresser pour gestion du stress à un thérapeute que
l’on peut trouver sur l’annuaire du site de l’Association Française des Thérapies Comportementales et Cognitives : http://www.aftcc.org/
« Vos troubles mandibulaires ont-ils disparu ? »
« Oui, c’est vrai … » (la patiente ne semble pas convaincue, comme si ce soulagement n’avait pas de rapport avec la
séance.)
« Vous aviez observé un problème avec votre compagnon ? »
« Ah oui, c’est vrai… En fait je l’ai quitté et j’ai rencontré une personne formidable »
Bibliographie :
- Benhaiem Jean Marc, L’hypnose aujourd’hui, Ed IN PRESS 2010
- Choukroun Marc Gérald, Abrégé de psychologie à l’usage des praticiens, Ed SID,1997
La mise en acte du traitement, Ed SID, 2004
- Andre Christophe, Méditer, jour après jour : 25 leçons pour vivre en pleine conscience, Ed L’iconoclaste, 2011
- Dantzer Robert Et Bruchon-Schweitzer Marilou, Introduction à la psychologie de la santé, Ed P.U.F., 2000.
- Fred Friedberg, Comprendre et pratiquer la technique des mouvements oculaires, Dunod Interedition, Paris 2006:208p
- Gordon T. Edwards S., Communiquer avec ses patients, Paris : les Editions Logiques. Le Jour, 1997 :315p.
- Legeron Patrick, La gestion du stress, Bernet Danilo, 2005
- Lemoine Patrick, Le mystère du placebo, Ed Odile Jacob, 1996
- Michaux Didier, Halfon Yves, Wood Chantal, Manuel d’hypnose pour les professions de santé, Ed Maloine, 2007
- Rogers Carl R., Le développement de la personne, Ed Dunod, 2001
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