Déposer un implant, quand et comment ?

Conférencier : Léon Parriente - Responsable scientifique : Karim Dada

Dossier ADF 2024, Séances choisies  par la team AONEws - AO #72 Février 2025

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4. Déposer un implant, quand et comment
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L’essor de l’implantologie ces dernières décennies pose une problématique fondamentale : comment gérer les échecs implantaires. On estime à ce jour, que 30% des premières consultations en implantologie concerne la gestion d’une complication liée à la pose d’implants. Dr Dada explique que lui aussi n’est pas épargné par les échecs implantaires. Il a eu récemment le cas d’un implant posé il y a 10 ans chez une patiente, qui ne s’est jamais présentée en consultation de suivi et qui revient un beau jour avec son implant dans la main.

Lorsqu’on analyse la littérature, il existe à ce jour très peu de données disponibles. Il n’existe aucune guideline sur la façon d’évaluer un implant déjà ostéo-intégré. Est-ce qu’on peut continuer à s’appuyer sur cet implant ? Derrière cela, se cache la notion de responsabilité, car si on décide de s’appuyer sur ce dernier, on assume également la responsabilité de l’implant posé par un confrère. 

A ce titre les conférenciers proposent un arbre décisionnel qu’ils ont développé au sein de leur cabinet afin d’évaluer l’ancrage d’un implant déjà ostéo-intégré et de nous guider sur la conduite à tenir en fonction des différents scénarios.

Le but de cette séance n’est pas de savoir si on va prolonger la survie de l’implant plutôt de savoir si on est délétère pour son volume osseux.

Donc face à un implant ostéo-intégré, qui présente une complication, il convient d’analyser la position 3D de l’implant, de regarder si le système implantaire utilisé est connu, si les pièces sont encore disponibles, s’il existe une pièce endommagée ou une fracture de l’implant, si l’implant est atteint d’une péri-implantite…

L’objectif est de savoir si on peut conserver cet implant ou s’il est plus judicieux de le déposer.

 

Comment déposer un implant ?

 

Il y a différentes façons de déposer un implant

La dépose d’un implant est un acte qui doit être envisagé après une évaluation minutieuse de la situation médicale, anatomique, chirurgicale et prothétique. Il faut également avoir en tête que la dépose doit nous permettre de réintervenir le cas échéant, de reconstruire un volume 3D par régénération osseuse guidée…

Il y a 4 instruments qui aident à la dépose d’un implant.

  • La tréphine ou trépan, instrument le plus répandu, mais très invasif, même s’il a pour avantage d’être efficace et rapide.
  • Le tourne à gauche qui fonctionne avec un pas de vis inversé. C’est l’instrument de prédilection mais qui malheureusement n’est pas adapté à toutes les situations. Cela peut augmenter le temps d’intervention, mais c’est une solution très conservatrice. L’énorme avantage de ce système est que l’on va pourvoir réintervenir rapidement voire poser un implant dans la même séance que la dépose.
  • La fraise zekrya chirurgicale : dans les cas où les implants posés sont correctement ostéo-intégré mais ils présentent un problème d’axe ou de perte osseuse, et l’on peut être amené à casser le tourne à gauche. Dans ce genre de situation, on va être amené à utiliser une fraise zekrya chirurgicale fine, et fraiser en interproximal voir en vestibulaire (qui est plus facile à régénérer que la face palatine/linguale) pour conserver au maximum le volume osseux
  • le clavier

 

Pourquoi déposer un implant ?

Pour cela un arbre décisionnel a été établi par les conférenciers.

Dans un premier temps, il est important de savoir si le système implantaire est connu et si les pièces sont encore disponibles ?

Les patients se présentent avec des implants qui ont fonctionné pendant des années mais qui, dans le cadre d’un plan de traitement global, ne peuvent être conservés. Par conséquent, On élimine tous les systèmes trop anciens et dont les pièces ne sont plus disponibles. A ce propos, s’il existe une situation où l’implant posé par un confrère doit être déposé et que le patient ne possède pas de passeport implantaire, il existe un site qui permet d’identifier le système implantaire : https://www.spotimplant.com/fr/.

Dans un second temps, est-ce qu’il y a une pièce endommagée ? S’il s’agit de l’implant, il faudra le déposer.

Dans un troisième temps, est-ce que l’implant est atteint d’une péri-implantite ? Si oui, est ce que le pronostic de cet implant est favorable afin de se servir à nouveau de cet implant ? La littérature montre que le traitement de la péri-implantite est extrêmement aléatoire. Les deux critères très importants à prendre en compte sont : le niveau de perte osseuse péri-implantaire et le type de surface de l’implant.

Les implants à surface lisses se comportent mieux face à une agression bactérienne que les implants à surface rugueuses. Ce qui nous amène à être très méfiants au quotidien, vis-à-vis des implants atteints de péri-implantites. Dans leur pratique, les conférenciers ont fait le choix de ne conserver que les implants (dans le cadre de leur réutilisation, ce qui n’est pas la même chose si la prothèse est satisfaisante et que l’on essaie de sauver l’implant) qui ont un pronostic favorable ou incertain. S’il existe un facteur de risque supplémentaire, tel qu’un antécédent de parodontite, la présence de suppuration autour des implants, l’état de santé général du patient, le pronostic basculera en défavorable ou sans espoir et il faudra déposer l’implant.

 

Parfois, si la dépose d’un implant atteint de péri-implantite (PI) et la réintervention est plus simple que le traitement de la PI, il sera préférable de déposer cet implant. En règle générale, si on a encore 6 mm d’os au-delà de l’apex d’un implant atteint d’une péri-implantite (avec au moins 3 spires exposées), il sera préférable de retirer l’implant. Il s’agit bien sûr d’une philosophie de traitement : moins l’on peut engager le patient dans des processus aléatoire et/ou complexe et mieux on se porte.

Dans un quatrième temps, le positionnement 3D d’un implant comprend deux éléments : le défaut vertical et l’angulation. Le défaut vertical est de loin le plus complexe et il est impossible de le rattraper. Il faudra retirer l’implant.

Il faut aussi analyser l’axe de l’implant. Comment ? Il faut savoir que 48% des implants mal positionnés sont susceptibles de développer une péri-implantite et une grosse partie des échecs auxquels nous seront confrontés seront liées à une malposition de l’implant.

 

Une question peut également se poser : est ce qu’il faut systématiquement déposer un implant lorsque la dépose comporte des risques en plus d’être délétère pour le volume osseux ? Parfois le simple fait de l’enfouir et de proposer une autre solution prothétique au patient (bridge cantilever par exemple) permettrait de gérer la situation sans trop de complications.